Régulièrement, on me demande si l’endométriose est compatible ou non avec la pratique de la gestion naturelle des menstruations (fil).
Cette question survient lorsque les notions de physiologie du flux instinctif ne sont pas comprises ou connues, et que les dernières réflexions scientifiques autour de l’endométriose ne sont pas au fait des patientes.
Il me semblait donc nécessaire de rappeler ces notions et d’apporter des réponses pragmatiques.
Dans cet article, nous allons revoir ensemble ce qu’est l’endométriose, sa physiopathologie, les dernières hypothèses quant à sa naissance dans le corps, ainsi que quelques pistes éventuelles de soin.
En seconde partie, j’aborderai la pratique du fil et quelle est sa physiologie, pour ensuite nous interroger sur la compatibilité entre le fil et l’endométriose pour les femmes atteintes de cette maladie et sur ce que la pratique du fil, inséré dans une démarche thérapeutique, peut apporter à la patiente.
Qu’est-ce que l’endométriose, selon les dernières recherches et différentes théories :
L’endométriose est une maladie chronique dite inflammatoire, dans laquelle des « lésions » qui ressemblent à du tissu endométrial se retrouvent en dehors de l’utérus, principalement dans la cavité abdomino-pelvienne, mais parfois ailleurs.
Ces implants de tissus répondent également aux hormones du cycle menstruel et saignent comme ils le feraient dans l’utérus. Ce qui pose problème car cela « peut induire des lésions tissulaires, des adhérences entre organes et une inflammation importante. Les symptômes incluent, en particulier, des douleurs et une fatigue chronique. »
Ces symptômes impactent la qualité de vie des femmes, tant physiquement que sexuellement, socialement ainsi qu’en santé mentale.
Pour le moment, les traitements médicaux ne sont pas curatifs puisqu’on ne connaît pas la cause exacte de la maladie, mais ils tentent de réduire ces symptômes.
La chirurgie, elle, vise à restaurer l’anatomie physiologique.
Aujourd’hui, les accompagnements en naturothérapie/naturopathie (j’ai de très bons résultats avec mes patientes atteintes d’endométriose et/ou d’adénomyose avec, entre autres, la phytothérapie) ont de bons résultats en complément de suivis en psychothérapie si besoin.
La physiopathologie de la maladie est encore mal comprise à ce jour. Et certaines théories ont vu le jour depuis 1890 :
Selon la théorie de 1890, de F. Von Recklinghausen, « a proposé une théorie basée sur la prolifération de cellules embryonnaires résiduelles des voies génitales de l’embryon à un stade encore indifférencié sexuellement.
Ces cellules se développeraient sous l’influence de certaines stimulations (externes, génétiques,…)
et provoqueraient, à terme, de l’endométriose.
Ou bien la théorie de la migration à distance via les vaisseaux lymphatiques et vasculaires : dans cette théorie, les lésions d’endométriose pourraient provenir d’une dispersion par voie lymphatique et/ou sanguine de cellules similaires à l’endomètre. La migration de ces cellules permettrait d’expliquer des lésions qui peuvent se situer dans l’ombilic, le vagin et le col de l’utérus. Ces zones ont un système lymphatique communicant. » Via le site de Chronique de l’endométriose
Mais encore, selon la théorie de 1927 du Dr Sampson, un micro reflux de sang menstruel via les trompes serait à l’origine de l’endométriose. Pourtant aujourd’hui, il est communément admis que ces reflux ne poseraient pas de problème à 90 % des femmes.
Extrait de l’introduction du Professeur Charles Chapron dans Les idées reçues sur l’endométriose – – Editions le Cavalier bleu*
*Les différents médecins interrogés sur la question « endomètre ou pas ? » répondent ceci : histologiquement, le résultat de l’analyse pathologique indique qu’il s’agit d’endomètre. Mais pour s’adapter à son « nouvel environnement », la cellule endométriale se modifie pour se greffer sur les organes. Il s’agit d’un endomètre modifié qui sera différent de l’endomètre tel qu’on le trouve dans l’utérus… mais c’est un tissu endométrial (glandes + stroma) qui se comporte de la même façon en réagissant aux variations hormonales. Voir le site de l’Inserm également sur l’endométriose. Site EndoFrance
« La formation des lésions situées en dehors de la cavité abdomino-pelvienne nécessite une migration de cellules épithéliales et stromales par voie vasculaire et/ou lymphatique. Cette migration, difficile à expliquer par la théorie du reflux menstruel, pourrait s’expliquer par d’autres théories qui impliquent des cellules souches. De nombreux travaux ont en effet mis en évidence des cellules souches (épithéliales et mésenchymateuses) dans l’endomètre. Il a aussi été proposé que des cellules souches circulantes contribueraient à la formation des lésions. L’endométriose est considérée comme une maladie inflammatoire générale. L’inflammation causée par la maladie contribuerait non seulement au développement local des lésions, mais aussi à des phénomènes annexes, comme l’anxiété, l’hypersensibilité à la douleur, ou des troubles métaboliques. Ces troubles sont une cible thérapeutique potentielle, mais ils restent complexes. Les traitements anti-inflammatoires classiques ne sont en effet que très partiellement efficaces, et une meilleure compréhension de la physiopathologie de l’inflammation associée à l’endométriose reste nécessaire. » site Médecine science.org
L’endométriose est une maladie gynécologique chronique polymorphe à la symptomatologie variée (elle est très hétérogène) qui peut altérer et impacter la vie sexuelle des femmes atteintes à cause des douleurs, d’angoisses, de stress, de dysménorrhées ou de dyspareunie : ces dysfonctionnements sexuels concernent 30 à 70 % des femmes atteintes avec également moins de désir sexuel.
Qu’est-ce que le FIL ?
En tant que spécialiste du Fil ayant découvert sa physiologie, j’enseigne cette méthode aux femmes :
Le fil est une technique naturelle qui permet de gérer ses menstruations consciemment.
Cela consiste à contracter/décontracter les muscles pelviens et notamment ceux qui constituent le vagin (muscles bulbo-spongieux et fibres issues du centre tendineux du périnée) lors des règles, afin de gérer l’écoulement menstruel en évitant que celui-ci ne s’écoule par la vulve sans contrôle.
Ainsi, le sang menstruel, au lieu d’être absorbé et contenu dans un objet inséré dans le vagin (avec les risques de santé connus et avérés que cela comporte), ou une serviette collée à la vulve, est contenu dans les fornix vaginaux, cavités se trouvant au fond du vagin, à la sortie du col de l’utérus.
Cette technique devient autonome – c’est-à-dire qu’après l’apprentissage et les entraînements, le corps prend le relais et s’autonomise au même titre que l’apprentissage de la propreté chez l’enfant en bas âge. Il n’y a plus besoin de « réfléchir » à contracter et décontracter les muscles.
Dès lors, l’évacuation devient elle aussi autonome et régulière. Rappelons que les fornix ne font que quelques millimètres à peine et ne peuvent contenir que peu de sang menstruel, qui lui-même s’écoule en flux discontinu depuis le col de l’utérus. Ce qui permet d’aller évacuer régulièrement avec l’impossibilité de stocker le sang menstruel durant de nombreuses heures contrairement aux protections périodiques qui peuvent être oubliées ou mal utilisées – portées plus de 4h – et provoquer de graves problèmes de santé (comme le syndrome du choc toxique ou des mycoses à répétition).
Contenir le sang menstruel dans ces cavités rappelle la méthode moins naturelle de la protection périodique qui agit elle aussi depuis le vagin : à la différence que le FIL lui est naturel, puisque c’est le corps lui-même qui se maîtrise et se gère, sans insertion d’objet potentiellement porteur de germes.
Peut-on se demander si le fil peut être pratiqué par les femmes atteintes d’endométriose et si cela comporte un risque quelconque pour leur santé ?
Nous avons abordé précédemment ce qu’était l’endométriose ainsi que sa physiopathologie et les dernières avancées en matière de connaissance de la maladie. Nous avons vu également ce qu’était le fil et sa physiologie, c’est-à-dire, comment celui-ci s’insère dans le fonctionnement naturel du corps féminin.
Une des hypothèses de la cause de l’endométriose est la théorie du reflux menstruel qui remonterait dans les trompes et irait se stocker en dehors de l’utérus, ce qui impacterait potentiellement 10 % des femmes pour qui ces tissus ne seraient pas évacués naturellement. Cela se passe donc dans la partie haute de l’anatomie gynécologique, entre l’utérus – plutôt même les trompes – et la cavité supérieure, autrement dit, la cavité abdomino-pelvienne et d’autres organes également. C’est sans rappeler que les endométriomes se développent souvent sur des tissus où il y a eu intervention chirurgicale (cicatrice césarienne, etc.)
Le fil lui concerne la partie basse de l’appareil génital, puisque cela se passe uniquement dans le vagin et fait appel aux muscles du périnée notamment. (L’utérus lui n’est pas un organe que l’on peut « contrôler » volontairement.)
Donc l’on comprend bien ici qu’il n’y a pas d’impact direct entre la pratique du fil et la maladie, si l’on part de l’hypothèse du reflux menstruel qui concernerait la partie haute depuis l’utérus.
Le sang stocké dans le vagin ne va pas remonter. Sinon, la loi de la gravitation ne tient plus !
L’utérus et les trompes sont un même organe, séparé du vagin par le col de l’utérus. Une fois que le sang s’est écoulé de l’utérus par le col et la micro ouverture dédiée à cet effet, le sang menstruel ne remonte pas dans celui-ci.
Quand l’on retrouve des cellules endométriales ou des cellules souches dans la cavité abdomino-pelvienne, on ne parle pas d’hémorragie ou de volume de sang conséquent, clairement on n’a pas des règles qui remontent dans le ventre ou ailleurs ! Ce n’est pas un endomètre complet et gros comme celui qui tapisse notre utérus qui remonte par les trompes. On parle bien de cellules.
Donc en détaillant les deux mécanismes, l’on voit bien qu’ils n’interagissent pas ensemble. Ce n’est pas parce que chacun parle de menstruation qu’ils sont en corrélation.
Cependant, quand une femme est atteinte d’endométriose, elle peut souffrir de dyspareunie. Ces douleurs survenant lors des rapports sexuels sont liées à plusieurs facteurs, le principal facteur est la lésion endométriale au pourtour de l’appareil gynécologique, réactivée par le rapport sexuel (mouvement, choc, frottement, etc.), ainsi que la peur, le stress et l’angoisse relative - anticipation - qui impactent la sexualité de la femme.
Ainsi, pour celles qui souffrent déjà de dyspareunies, lors de l’apprentissage du fil, quand il faut apprendre à contracter et décontracter les muscles du périnée, par impact secondaire et non direct, il est possible que cela puisse ajouter aux douleurs déjà présentes qui sont liées, elles, aux lésions.
Il n’y a donc pas de dangerosité, et cela ne peut pas aggraver ni faire évoluer la maladie.
Les contractions vaginales ne sont pas les mêmes que les contractions utérines, et les contractions abdominales ne sont pas les mêmes que les contractions utérines ou vaginales ; chacune mobilise le muscle approprié qui est différent des autres.
Il s’agira dès lors d’identifier, travailler et accompagner, cas par cas, selon s'il y a dyspareunie et de réfléchir à des procédés d’apprentissage différents et d'inscrire la pratique du fil dans une démarche thérapeutique.
Qu’est-ce que le fil peut apporter aux femmes atteintes d’endométriose s'il s’inscrit dans une démarche thérapeutique ?
L’endométriose est une maladie chronique inflammatoire très hétérogène, particulièrement présente dans les pays industrialisés et les grandes villes, ce qui pose question sur son histoire, sa nature et ses facteurs (génétiques, inflammatoires, hormonaux, environnementaux, psychologiques, etc.). C’est pourquoi aujourd’hui, la prise en charge globale (physique, psychologique, voire énergétique) de la femme atteinte d’endométriose est primordiale, avec une remise en question de l’environnement et du mode de vie.
Le fil s’inscrit dans une démarche d’autonomisation et de reconnexion à soi. Une prise de conscience de son corps. C’est une auto-éducation qui offre un savoir personnel sur ses propres fonctionnalités, qu'elles soient purement mécaniques ou psychologiques :
Si la femme comprend d’où viennent ses symptômes, si elle comprend sa maladie (ou s’y essaie) au travers d’une écoute et d’un dialogue avec son corps et ses propres mécanismes physiologiques, alors elle pourra agir et améliorer son quotidien. Elle ne nourrira plus de fantasmes autour de son corps dus à son ignorance sur son cycle menstruel, par exemple : elle pourra se prendre en charge. Elle ne subira plus sa maladie mais participera à sa propre réorganisation. Voilà ce que l’apprentissage du fil inscrit dans une démarche thérapeutique (donc avec un processus particulier et d’autres apprentissages*) peut offrir.
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Jessica Spina www.fluxinstinctif.com consultations en cabinet ou visio sur rdv 0634133402
Sources
Livre
Le flux instinctif libre ou l’art de se passer de protections périodiques Spina Jessica - Ed- L'instant Présent
Article
Avenues of reflection for endometriosis research in France -Med Sci Paris – Vol 38 p 274 – 279 2022 open source
Psychologie clinique -Article Cairn -Utérus douloureux, féminin en souffrance dans l’endométriose. De N.Dumet, B;Smaniotto, M;Demahis dans psychologie clinique et projective p63 à82
Site web
sciencedirect.com – Gynécologie, obstétrique, fertilité et sénologie -Vol 50 p69 à 74
webnode.fr Qu’est ce que l’endométriose
chroniquesendometriose.com
Dr Pierobon gynécologue /Physiopathologie de l’endométriose
INSERM.fr
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